Selasa, 06 Mei 2008

Simplicité d’apparence pour un disque sobrement intitulé Casino

Après Néons Blancs et Asphaltine et Les Tortures Volontaires, le nom du nouvel album d’Arman Méliès, son troisième, laisserait presque perplexe. Simplicité d’apparence pour un disque sobrement intitulé Casino. Quand Arman Méliès décide de s’affirmer, voilà ce que cela donne.

Mis en confiance par ses récentes collaborations avec Dominique A et Alain Bashung*, Arman Méliès ose avec son nouvel album prendre des poses musicales qu’il n’aurait sûrement pas assumées il y a encore quelques temps. Mais plutôt que de parler de changement, il faut utiliser le terme d’évolution. Parce que depuis le début de sa carrière discographique, Arman Méliès n’a jamais cessé d’évoluer. Du folk dépouillé de son premier album aux ambiances plus décousues et très marquées par les années 1970 de son deuxième, Arman Méliès a gardé quelques réminiscences. Son Casino d’aujourd’hui sonne avant tout comme un disque musicalement moins cérébral, plus direct et plus rock.

"Dès que j’ai commencé à composer les premiers titres, j’ai compris la direction et la couleur que je voulais donner à cet album. Je voulais quelque chose de moins intimiste que mes disques précédents, avec une approche anglo-saxonne dans le son". C’est ainsi que les rythmiques se retrouvent au cœur de Casino. "Elles ont été volontairement enregistrées en amont et en direct avec le batteur, le bassiste et le clavier pour apporter une approche plus ludique, plus brute à ma musique". Elles sont la colonne vertébrale, les fondations de cet album, celles sur qui viennent se greffer tous les arrangements, faits de cordes et de cuivres notamment.

Cette unité rythmique vibrante et entraînante permet de passer d’un titre à l’autre en toute facilité et confère à l’ensemble une unité et une cohérence encore jamais entendue chez Arman Méliès. Chacune de ses chansons semble liée à la précédente tout en étant résolument différente. Arman Méliès n’a plus peur de jongler avec les influences et les références. Ce qu’il s’interdisait hier, il se l’autorise aujourd’hui. Ici ce sont des sonorités de claviers très 80 (Amoureux Solitaire), là un clin d’œil appuyé au groupe Blonde Redhead dont il se sent proche musicalement (Sur ta peau). Même chanter lui procure désormais du plaisir pour lui qui considérait jusqu’à présent cette activité comme quelque chose de fastidieux. « Je suis dans le lâcher prise désormais. J’assume mon chant même si pour moi la voix doit parfois savoir s’effacer au profit de la musique », chose qu’il n’oublie pas de faire sur certains titres en ménageant de longues respirations instrumentales (Diva).

Une écriture plus personnelle

La rencontre et le fait de travailler avec ces deux monstres sacrés de la chanson française que sont Dominique A et Alain Bashung ont apporté à Arman Méliès la confiance qui lui manquait pour évoluer musicalement. On l’a compris. Mais, dans les textes aussi quelque chose à changer. Le personnel et le vécu ont remplacé dans les thèmes de ses chansons, la fiction et l’onirisme permanent. Là aussi un déclic est intervenu. Un ou plutôt plusieurs déclics, pas toujours des plus heureux d’ailleurs. Une séparation sentimentale douloureuse, la perte d’un proche. L’ombre des femmes de sa vie flotte sur l’album. "Je n’ai pas eu à chercher très loin pour savoir de quoi j’allais parler sur ce disque. Et cela à jouer sur mon écriture. Parler de choses personnelles facilite la concision".

Pour lui qui a parfois du mal à s’exprimer et à communiquer avec les gens qui l’entourent, faire de la musique est une chance. Et son Casino dresse un constat simple. Arman Méliès est à un tournant de sa vie. Il vient de perdre son innocence ainsi qu’une partie de ses idéaux. Une once de désillusion pointe parfois au cœur de certains de ses textes. Mais loin de sombrer dans le fatalisme ou la mélancolie, il contrebalance ses noirceurs par une intense envie de faire face. Adepte de l’ambiguïté, il évoque la mort à travers la vie (En nous la vie), l’attaque de front en lui demandant s’ils ont réglé leurs comptes désormais (Diva), utilise le poète Fernando Pessoa pour narguer les séparations amoureuses et dénoncer le peu de place accordée à la littérature dans nos sociétés (Belem). Tout cela est réuni sous le nom de Casino qui est aussi le titre d’ouverture de ce nouvel album, celui par qui le constat arrive, "nous vivons dans une société où les rapports sociaux sont complètement faussés, chacun de nous porte un masque, parfois pour le meilleur, parfois pour le pire. C’est un peu comme un immense jeu de poker menteur". (Casino)

Arman Méliès a souvent eu tendance à mettre des obstacles à ses propres évolutions, il le concède volontiers. Aujourd’hui, il a trouvé le secret, une forme de remède. "Il faut assumer. Il faut oser. Oser être soi-même". Et pour le raconter et le prouver, il a eu l’idée d’employer un mot universel qui parle à tous. Symbolique parlante du Casino. Comme ces établissements de jeu, micro mondes fascinants, qui retranscrivent parfaitement le monde, le vrai, dans lequel on vit. Ce disque était une étape essentielle pour lui. Il le deviendra pour d’autres, ceux qui aiment le rock et les beaux mots.

extrait de casino ici

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